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mardi, 27 novembre 2007

défendre le service public de l'emploi...une question de valeurs!

A l’appel de quatre organisations syndicales, les agents de l’ANPE sont en grève ce jour tout comme ceux des Assedic.
Nous dénonçons le projet de fusion entre l’ANPE et les Assedic.

Cette question va bien au-delà de nos droits en tant qu’agents. (en ce qui nous concerne, agents de l'ANPE, un alignement de nos salaires sur ceux de nos collègues de l'Assedic équivaudrait à une augmentation conséquente de nos revenus en échange de l'abandon de notre statut qui ne nous offre aujourd'hui aucun avantage supplémentaire par rapport aux salariés du privé!)
J'accepte aujourd'hui de perdre une journée de salaire (est-il nécessaire de rappeler ici que les agents publics, pas plus que les salariés du privé ne sont payés les jours de grève, contrairement à ce qu'on entend parfois ici et là!) parce que ce projet va à l'encontre de mes valeurs:
la notion de service public: il y a bientôt 10 ans que j'ai choisi de mettre ses compétences au service de la collectivité, choisi de travailler pour le bien de tous, dans un souci d'égalité de traitement...avec pour objectif d'optimiser l'utilisation des fonds publics (notre argent à tous), de rendre le meilleur service possible, dégagée de la notion de profit puisque je n'ai "rien à gagner" à titre personnel...
Je ne m'oppose pas à une évaluation individuelle de mes résultats, qui existe déjà: je perçois un salaire et il est normal que l'on me demande des comptes...que l'on vérifie l'utilisation qui est faite des fonds publics...qu'une partie de mon salaire dépende des résultats que j'ai obtenu par rapport aux objectifs qui m'ont été fixés.

Cette fusion est présentée comme une mesure de « bon sens »…
Mais contrairement aux apparences, cette réforme ne va pas dans le bon sens!

Les fonctions de placement et d’indemnisation doivent demeurer séparées.
Un «organisme fusionné», chargé à la fois du placement, de l’indemnisation et des sanctions ne pourra être que juge et partie, au détriment des demandeurs d’emploi et appliquera une politique de radiation par «objectifs».
La finalité de cette fusion est purement comptable et financiere : faire des économies et réduire le coût du travail. La qualité des services rendus aux demandeurs d’emploi ne pourra qu’en pâtir ; elle n’améliorera pas la situation de l’emploi.
Ce que veut le gouvernement c’est un organisme qui fasse du contrôle - sanction.
Parce que lorsqu'on harcèle des demandeurs d'emploi qui ne sont pas indemnisés et à qui l'on n'a pas grand chose à proposer, ils cessent d'être inscrits sur la liste des demandeurs d'emploi: cela fait baisser le taux de chômage mais n'augmente pas le taux d'activité ou de reprise d'emploi...les gens sortent des statistiques!
Est-ce que pour autant on a avancé en matière d'insertion sociale et professionnelle, est-ce qu'on a lutté contre la pauvreté et la précarisation, est-ce qu'on a aidé des familles à retrouver un niveau de vie qui leur permette de vivre et d'élever dignement leurs enfants?

Ce que veut le MEDEF, c’est mettre la main sur le salaire différé (les cotisations d’assurance chômage) à son seul profit.
Ils entendent donc imposer l’obligation aux chômeurs d’accepter n’importe quel emploi à n’importe quelles conditions, y compris en instituant la notion pour le moins suspecte « d’offre valable d’emploi ».

Le service de l’emploi doit demeurer un service public, avec des agents publics.
Sa mission doit être de répondre aux attentes et aux besoins des demandeurs d’emploi, pour les aider à trouver une formation, un emploi correspondant à leurs qualifications et à leur projet professionnel.
Je pense qu'il est primordial que certains grands secteurs restent des services publics à la main de l'Etat: la santé, l'éducation et le social...ces secteurs ne seront jamais "rentables". Seul un service public garantit une égalité de traitement...les mêmes droits pour tous. Il me paraît essentiel de donner à chacun en fonction de ses besoins...or aujourd'hui, l'Assedic finance des actions d'accompagnement et de formation réservées aux personnes indemnisées...parce que ce sont ceux qui coûtent cher qu'il faut "sortir" de nos fichiers en priorité...je ne me retrouve pas dans cette logique comptable où l'on aiderait les personnes en fonction de ce qu'elles coûtent à la collectivité...où "l'on ne prête qu'aux riches"...où l'Etat laisserait sur le bord de la route tous les gens qui n'ont rien, sous pretexte qu'ils ne coûtent rien...quelle garantie que l'Etat financera encore des actions pour les demandeurs d'emploi non indemnisés demain dans un organisme "fusionné" avec un statut privé?
Quelle garantie que l'on me donnera demain les moyens d'offrir à chacun selon ses besoins?
Pour illustrer mon propos et montrer que le danger est bien réel, j'ai envie de parler d'un échange que j'ai eu la semaine dernière avec une collègue de l'Assedic avec laquelle je travaille (parce que bien entendu, nous travaillons déjà ensemble) sur un projet concernant le secteur de l'Industrie azuréenne: j'ai convoqué un certain nombre de demandeurs d'emploi suceptibles d'être interessés par un recrutement massif au sein d'une grande entreprise du département...la collègue m'a tout de suite demandé combien il y avait de demandeurs indemnisés parmi eux...je n'en ai pas la moindre idée, et ça n'est pas mon propos: je convoque des personnes dont le profil professionnel me paraît correspondre au poste proposé...je me moque de savoir s'ils sont indemnisés ou non...aujourd'hui...parce que mon employeur m'a donné une mission de placement...parce qu'aujourd'hui on ne me demande pas de placer en priorité les personnes qui coûtent le plus cher...ça n'est pas le cas des collègues de l'Assedic qui ont manifestement pour mission de faire baisser le nombre de chômeurs indemnisés et s'interessent pas aux autres...qu'en sera-t-il demain au sein d'un organisme "fusionné"?

Agents de l’ANPE, notre mission n’est pas de contraindre. Notre mission est d'aider.
Je suis conseiller à l'emploi et refuse de devenir demain "contrôleur du chômage"...il est normal de veiller au respect des droits et obligations des demandeurs d'emploi, de dénoncer les fraudeurs...mais si les demandeurs d'emploi ont de moins en moins de droits et de plus en plus d'obligations...si les règles en matière de "gestion de la liste des demandeurs d'emploi" se durcissent et que j'ai de moins en moins de choses à proposer parce que les moyens se réduisent, que devient mon métier?
Est-ce que l'Etat, comme il n'aura pas les moyens demain de financer les retraites ou l'assurance maladie, n'aurait plus les moyens de financer non plus le système d'assurance chômage?
La France va-t-elle si mal? Ou s'agit-il d'une question de choix politique?
Est-ce aux salariés privés d'emploi de payer les pots cassés lorsque l'économie et les entreprises vont mal? Est-ce qu'on veut d'une socièté où les solidarités auraient disparu?
Les demandeurs d'emploi sont-ils responsables de la baisse de la croissance, de l'augmentation du prix du pétrole, de la recession économique?
N'est-il pas nécessaire de se battre pour le maintien d'un régime de solidarité qui vienne en aide aux salariés momentanément privés d'emploi?
La solidarité, c'est prendre aux riches pour donner aux pauvres (sachant qu'on est tous parfois d'un côté, parfois de l'autre, on donne lorsqu'on peut et on reçoit lorsqu'on n'a plus!)...et l'arbitre ne peut être que l'état...peut-on demander aux patrons décider eux-mêmes de la part qu'ils prendront sur leurs deûniers pour donner aux pauvres?

Il n'est pas dans mes habitudes d'utiliser ce blog pour exprimer ce genre d'opinion...on peut paraître éloigné du jardinage...je n'en suis pas si sûre:

Cultiver son potager bio, utiliser des produits naturels, préférer que le développement soit durable et le commerce équitable...être profondément attaché à certaines valeurs (dont la solidarité, contre la notion de profit à tout prix)...Attacher plus de valeur à l'Etre qu'à l'Avoir...et si c'était un tout?

Pour en savoir plus (la presse):
Le monde
actualites yahoo
collectifs AC

Commentaires

Bien vu, Lulu ! En effet, on est jamais trop bien informé !...
Je t'embrasse !

Écrit par : Françoise | mercredi, 28 novembre 2007

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