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mardi, 03 avril 2012

L'île Tromelin : l'île des esclaves oubliés

Si vous aussi vous avez rêvé en lisant « Robinson Crusoé »…et plus encore le fameux « Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier…cet article est pour vous : il s’agit d’une histoire vraie !

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L’île Tromelin se situe dans l’Océan Indien, à 450km à l’est de Madagascar et à 535km au nord de la Réunion. Un îlot plat de 1700m de long et 700m de large, ceinturé par un récif corallien particulièrement dangereux à la navigation et qui rend son accès extrêmement difficile…La plupart du temps, les vagues déferlent sur le récif, rendant tout abordage impossible…

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L’île est presque toute l’année battue par les vents et chahutée par les alizés et elle est, par sa situation, particulièrement exposée aux cyclones et dépressions tropicales…

D’un point de vue administratif, elle fait partie des « îles éparses de l’Océan Indien » qui constituent l’un des 5 districts des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Elle ne compte aucun habitat permanent mais abrite depuis 1954 une station météo où se relaient des techniciens de Météo France qui sont déposés en hélicoptère : l’île ne bénéficiant d’aucun port, seul un mouillage au large est possible…

Ce petit bout de terre français bien inhospitalier fût le théâtre d’un épisode tragique et étonnant à plus d’un titre…

En avril 1761, le navire l’Utile (de la Compagnie française des Indes Orientales) armé à Bayonne arrive à l’île de France (île Maurice). Deux mois plus tard, il est envoyé à Madagascar pour s’y procurer des vivres (riz et boeuf) dont la colonie a besoin. A l’escale, et malgré l’interdiction qui lui a été faite, le commandant embarque en même temps des esclaves : 160 hommes et femmes sont chargés dans la cale. Alors que le navire et sa cargaison illégale font route vers l’île de France et à la suite d’une erreur de navigation (l’île, sur laquelle personne n’avait encore abordé n’est pas indiquée sur toutes les cartes, et sa position est imprécise) le navire fait naufrage sur une île de sable, déserte appelée aujourd’hui l’île Tromelin.

Au matin du 1er août 1761, les 122 hommes d’équipage et 88 esclaves rescapés se retrouvent sur cet îlot inhospitalier et dépourvu de végétation. Il s’organisent pour assurer leur survie : creusent un puits, trouvent de l’eau et récupèrent les débris de l’épave que la mer déchaînée ramène peu à peu. En quelques semaines, les hommes d’équipage aidés par les esclaves malgaches parviennent à construire une embarcation. Il y entassent de l’eau et des vivres et c’est le matin du 27 septembre, alors qu’on s’apprête à la mise à l’eau, que les esclaves comprennent qu’aucune place n’a été prévue pour eux. L’équipage prend la mer, abandonnant les esclaves avec 3 mois de vivres, les officiers faisant le serment d’alerter les autorités et de faire envoyer un navire pour venir les chercher.

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Ce navire ne sera envoyé que 15 ans plus tard. Le 29 novembre 1776, après quelques tentatives infructueuses, la corvette La Dauphine, commandée par le chevalier Tromelin parvient à aborder. A sa grande surprise, il retrouve sur l’île 8 survivants : 7 femmes et un bébé de quelques mois.

Cette histoire, qui secouera l’Europe pose évidemment un certain nombre de questions humaines…son récit participera à la réflexion qui amènera à l’abolition de l’esclavage.

En 2004, Max Guérout, ancien officier de la marine navale et vice président du groupe de recherche en archéologie navale sort les esclaves de Tromelin de l’oubli. Il retrouve des documents d’archive, retrace l’histoire du naufrage et parvient, en 2006, sous le patronage de l’UNESCO à organiser une première mission archéologique destinée à en savoir plus sur les conditions dans lesquelles une soixantaine de personnes ont pu survivre 15 ans sur une île déserte...

Documents :

A lire :

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Max Guérout :

Esclaves oubliés de l’île Tromelin





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Irène Frain :

Les naufragés de l’île Tromelin (roman histoirique)

mardi, 27 mars 2012

Baignade interdite à la Réunion

requin -.jpgImpossible de passer 3 mois à la Réunion sans évoquer la question des requins…inutile de tenter de vous le cacher, les médias se chargent de relayer et d’amplifier les infos jusqu’en métropole…il s’agit d’une crise importante. Elle est intéressante à plus d’un titre…parce que l’évoquer, c’est évoquer des questions humaines, économiques et environnementales…un véritable enjeu du Développement Durable de l’île…!

 

 

En préambule, autant vous rassurer tout de suite concernant nos petites personnes : nous avons choisi depuis le début de NE PAS nous baigner en pleine mer…nous avons renoncé aux vagues de l’océan et nous « contentons » des lagons magnifiques dans lesquels il n’y a aucun danger (la barrière de corail protège également des squales), où l’eau est calme et limpide et où avec palmes-masque-tuba, on peut admirer des poissons multicolores…
Nous avons fait quelques plongées, nous direz-vous…oui mais il faut savoir que les plongeurs (bouteilles) sont, pour les requins, des sortes de monstres (plus de 2m de long avec les palmes) qui font beaucoup de bruit et de bulles…assez en tout cas pour qu’aucun requin (animal de nature craintive) ne se risque à les approcher…et encore moins à les voir comme des proies potentielles…nous avons rencontré ici des professionnels qui plongent tous les jours depuis 2 ans sans avoir jamais entrevu le bout de la nageoire du moindre requin…

La situation actuelle :

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Voilà le drapeau qui flotte (souvent) sur les plages de l’ouest de l’île depuis octobre 2011…peu engageant…et pour cause !

Rouge, il signifie requin aperçu ou signalé et Orange, il signale des conditions propices à la présence de requins…Dans un cas comme dans l’autre, la baignade et les activités nautiques sont interdites sur la zone.

 

 

Que se passe-t-il à la Réunion ? Psychose ou réel danger ?

Parce qu’enfin des requins, dans l’Océan Indien, il y en a toujours eu…Certes, dans l’imaginaire collectif, il est, comme le  loup, un animal sanguinaire et mangeur d’hommes…mais enfin :  ces 20 dernières années, on recensait une attaque par an, en moyenne à la Réunion… pas toutes mortelles, fort heureusement. Elles avaient surtout concerné des personnes qui n’avaient pas respecté les règles de sécurité (éviter de se baigner à la tombée du jour, lorsque l’eau est trouble après de fortes pluies par exemple, etc.). Ces attaques permettaient à chacun de se souvenir que la mer n’est pas le milieu naturel de l’homme, que s’y introduire implique une part de risque et que toute incursion dans un environnement étranger demande un minimum de prudence…

Seulement voilà : en 2011, 6 attaques ont eu lieu en quelques mois, à quelques mètres du rivage seulement…


Retrouvez toutes les infos sur le site de l’Association Prévention Requin Réunion

Nous y voilà : ici, comme ailleurs, les activités humaines ont modifié l’écosystème…et aujourd’hui, les activités humaines sont à leur tour perturbées par des phénomènes jusque là inconnus…!

Les conséquences :

  • Sur le plan humain : La plus grande partie des 207 km de côtes est escarpée et difficile d’accès. L’île ne compte qu’une 40aine de km de plages (25km de plage de sable blanc et 14 km de plage de sable noir). Les plus belles plages sont situées au sud ouest et à l’ouest de l’île, là où se sont concentrées les dernières attaques. C’est la côte sous le vent et c’est là aussi où se trouvent les principaux spots de surf. L’interdiction de la baignade et de la pratique des activités nautiques frappe donc de plein fouet les familles, les sportifs ainsi que les touristes.
  • Sur le plan environnemental : La barrière corallienne s’étend sur une 20aine de km le long de la côte ouest. Elle protège un lagon qui est un écosystème fragile. Ici, comme ailleurs, le récif corallien est en danger : pollution humaine, circulation à pieds, certaines activités de pêche et pratique d’activité à moteur le menacent gravement. Le report de la baignade dans les lagons va inévitablement accélérer le processus de destruction des récifs coralliens, la crème solaire étant un ennemi mortel pour le corail. (Cliquez ici pour en savoir plus sur les effets des crèmes solaires sur les coraux : un étude a montré que des coraux plongés dans une eau dans laquelle on a dilué de l’écran solaire meurent en 4 jours…!!!)
  • Sur le plan économique : la Réunion est une île, comme chacun sait, et elle est loin de produire tout ce qui est nécessaire à la vie de ses habitants dont le nombre ne cesse d’augmenter…elle importe presque tout. Côté exportations, on se doute bien que ça n’est pas le commerce de l’obsolète cane à sucre qui fait vivre les populations… Bénéficiant d’un climat et d’un environnement propice au tourisme, l’île a su y développer une industrie touristique jusque là  florissante…

Les solutions :

Au delà des mesures d’urgence qui ont été prises immédiatement : dispositif d’alerte et d’information visant à sécuriser les zones de baignade par une information du public en temps réel et l’interdiction d’accès lorsque le risque est avéré, il s’agit, ici, de se lancer dans une réflexion de fond : analyser les causes et étudier finement la situation actuelle afin d’envisager, ici comme ailleurs, un développement durable: le programme CHARC

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de choisir entre le requin et l’homme ( il serait aberrant de vouloir éradiquer tout ce qui peut constituer une menace pour l’amusement des humains !), mais bien de comprendre comment les activités humaines ont modifié l’écosystème et créé la situation que nous connaissons actuellement, et envisager des solutions durables pour permettre un développement qui respecte l’environnement…

La dernière étude, réalisée par L’IFREMER sur les requins, date de 1987 : vous la trouverez publiée ici. Elle passe en revue les différentes solutions avec leurs avantages et leur inconvénients. (une étude plus récente aurait été réalisée en 1997 mais elle n’est pas rendue publique)

Depuis l’automne 2011, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a entamé une campagne de marquage de requins, dans le cadre du programme CHARC (Connaissances de l’écologie et de l’HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de la Réunion). Elle devrait enrichir considérablement les connaissances et contribuer à une meilleure gestion du risque. (cliquez ici pour connaître les détails de l’étude).

De source officieuse, nous avons eu connaissance des premiers résultats : sur les 12 requins marqués, seuls 6 émetteurs étaient toujours actifs(les autres ayant été perdues ou les requins étant morts). Des balises ont été placées près des côtes et au large. Pour le seul mois de Janvier, les balises côtières auraient enregistré 150 passages et 400 passages pour les balises situées au large pour 6 requins seulement ! Cela veut dire que chacun d’entre aux est passé une fois par jour près des côtes, à proximité de la balise…Même si l’on ne connaît pas le nombre exact d’individus présents dans la zone (assurément beaucoup plus que 6!!!)…ça fait froid dans le dos : il semble qu’ils soient réellement sédentarisés et, avec l’abondance de nourriture et l’absence de prédateur…il est probable qu’ils prolifèrent…!

D’ici à fin 2013, le marquage d’une quarantaine d’animaux et leur suivi permettra de savoir quel est leur comportement dans les eaux réunionnaises, et d’en déduire s’ils abordent les rivages touristiques avec une réelle pulsion alimentaire.Ces données nouvelles seront complétées par une vaste synthèse de la bibliographie sur le sujet.

L’ensemble de ce travail devrait permettre de savoir si la petite île est française est une frontière à haut risque transgressée :

  • soit par des prédateurs affamés qui y font incursion,
  • soit par des hommes qui provoquent des comportements inhabituels de la part des requins.

samedi, 12 novembre 2011

Canal de la Garonne : un peu d'histoire

carte-avant.gifLe rêve était de relier l’Atlantique à la Méditerranée afin de permettre le transport des marchandises…en creusant ce canal de 193 km de long…

avant le canal

Lorsque Pierre-Paul Riquet acheva en 1681 le canal du Midi entre Sète et Toulouse, il avait l’idée de continuer le canal en direction de l’Atlantique. Cependant, Louis XIV ayant vidé les caisses du royaume, le projet fut rapidement abandonné, faute de moyens.

Pendant encore près de deux siècles, pour pouvoir acheminer les marchandises de Toulouse jusqu’à Bordeaux, on se contentera du fleuve « Garonne », malgré la navigation si périlleuse, car pour parcourir la distance de Toulouse à Bordeaux en aller-retour il faut en moyenne vingt jours.

Et, quand en raison des crues du fleuve, de la sècheresse… le fleuve « Garonne » n’étant pas navigable, la liaison entre l’océan Atlantique et la mer méditerranée se faisait le long des côtes espagnoles, en passant par le détroit de Gibraltar. Ce périple, long de plus de trois mille kilomètres, obligeait les navigateurs à braver les tempêtes et les attaques barbaresques.

Malgré toutes ces difficultés, le transport fluvial dans le sud-ouest de la France va rester dans ces conditions de fonctionnement jusqu’au début du 19e siècle.

la construction

travailleur.jpgAvec la révolution industrielle, la prise de conscience d’une nécessaire optimisation du transport relance l’idée de la construction d’un canal du Midi capable d’assurer la liaison entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique.

L’inauguration de la seconde partie du canal du Midi « côté Atlantique » eut lieu en 1856. Cette seconde partie traverse le sud-ouest de la France et longe sur 193 km le fleuve « Garonne ».Le canal du Midi « côté Atlantique » ou canal de la Garonne se compose de nombreux ouvrages remarquables, dont 53 écluses et sept ponts-canaux. Il prolonge les 240 km du « canal du midi méditerranée pour en faire une voie navigable de 433 km. 45000 arbres furent plantés sur les déblais à l’origine (250 000 aujourd’hui).

Une vocation économique :

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 La vocation du Canal du Midi et du Canal Latéral à la Garonne était d’ordre économique, spécialement pour le transport des marchandises.

Aujourd’hui seules 4 péniches à ce jour circulent sur le Canal Latéral à la Garonne où les écluses ont été portées à 40 mètres par le plan Freycinet. Elles font un trafic de 53000 tonnes par an de céréales et de produits pétroliers, en chargeant jusqu’à 250 tonnes par péniche.

Depuis la fin des années 80, le trafic sur la partie Canal du Midi a totalement cessé. Les derniers transports concernaient le vin de Narbonne à destination de Bordeaux et représentait 1 000 tonnes pour 1989.

Halage-fde84.jpgDepuis les années 70, une nouvelle vocation :

  • Le transport d’eau agricole pour l’irrigation :

L’eau d’irrigation: près de 40 000 ha de surface de terre agricole dépendent de l’irrigation par le Canal des Deux Mers. En raison de cela, les terres sont valorisées de 250 à 550 € l’hectare. La valorisation des hectares de terre irrigués est estimée à 12 M.€.

 

  • Le tourisme fluvial :1984_mini.jpg

Plus de la moitié de l’activité de tourisme fluvial est concerné par la location de bateaux.
Près de 1000 bateaux font le transit Océan-Méditerranée chaque année, les bateaux de mer sont peu nombreux à faire une croisière, pas plus d’une cinquantaine par an. Le trafic de Fonserannes à Portiragnes atteint 9000 passages par an.
Les house-boats, au nombre de 450 sont loués aux vacanciers par 13 sociétés et permettent une croisière de plusieurs jours, de 4 à 12 personnes.

Les bateaux pour passagers, conduits par des professionnels proposent des prestations diverses: Péniche hôtel, hébergement complet, toutes prestations comprises. Bateau restaurant, où le temps d’un repas est le temps d’une promenade. Bateau promenade, avec sièges confortables et vue panoramique. Bateau collectif avec dortoir, à vocation du tourisme associatif et comité d’entreprise.

1996 : Inscription au patrimoine mondial de l’humanité :

Sont inscrits au titre de ce patrimoine l’œuvre initiale de Pierre-Paul Riquet : Le Canal entre Toulouse et l’étang de Thau, le seuil de Naurouze et le système d’alimentation, et tous les ouvrages datant de cette première période.

Ce classement rappelle à chacun le devoir d’entretenir et de garder pérenne une œuvre qui, façonnée par l’homme, a par sa construction modifié considérablement l’environnement et le devenir de l’humanité.

Le classement au Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO implique que l’ouvrage doit rester en bon état et poursuivre ses activités.

Cette inscription a donné lieu au classement immédiat du Canal du Midi aux monuments historiques de France.

De ce fait, aujourd’hui il n’y a plus de possibilité d’espérer mettre à la norme européenne de 38.50 m les écluses comprises entre Baziège et Béziers.
Donc plus aucune possibilité d’utiliser le Canal du Midi aux péniches de transport afin de joindre la Méditerranée à l’Atlantique. Voie d’eau morte au transport elle est ouverte définitivement qu’au tourisme et aux bateaux de location dont le tirant d’eau n’excède pas 0.60 cm .

La conséquence très fâcheuse de cette nouvelle donne est que l’envasement du Canal du Midi est irrémédiable. En effet, ce sont les grosses péniches marchandes avec leurs 1.50 à 1.70 m de tirant d’eau qui ont pendant trois décennies protégé le Canal du Midi de l’envasement.

L’avenir du canal :

En France, le tourisme fluvial s’affirme comme un phénomène touristique.
Le Canal des Deux Mers constitue un patrimoine de première importance et grâce à lui, nos régions et leurs départements peuvent et doivent devenir un des phares du tourisme français.
Les voies navigables de France ont entrepris des réfections et la valorisation du canal, avec le soutien financier des régions, des départements et de l’état. Pour les cinq dernières années, entre autres, un budget de 39 Millions d’€ qui a été consacré à la réhabilitation du Canal des Deux Mers, apporté par les trois régions Aquitaine, Languedoc Roussillon et Midi-Pyrénées.
Un comité inter régional a vu le jour afin d’élaborer une politique commune de mise en valeur touristique du Canal des Deux Mers et de ses abords.

Les atouts du Canal sont de taille :
Un climat particulièrement ensoleillé, des régions aux paysages agréables et diversifiés, un patrimoine riche à découvrir, une gastronomie des plus savoureuses, le repos paisible assuré sous l’ombrage des 200 000 arbres qui le bordent, véritable cure de récupération psychique et mentale!

Le Canal des Deux Mers sait plaire et être porteur de l’image de la France à l’étranger.
Ses riverains ont tout à gagner en sachant développer en ses abords, les activités porteuses d’un devenir prometteur.

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Il est désormais possible de relier l’océan Atlantique à la mer Méditerranée non seulement en bateau, mais également en vélo en empruntant successivement et sur une distance supérieure à 500 km :

la voie verte
le chemin de halage
la vélo route

L’itinéraire qui longe le canal du Midi sur environ 400 km permet de manière très agréable, à pied ou à vélo et à son rythme, de découvrir ou de redécouvrir des sites prestigieux, des paysages de qualité, mais aussi d’accéder à des lieux un peu oubliés, aussi préservés que pittoresques…. de faire des rencontres avec les gens du pays.

  • La voie verte

Une voie verte est une route exclusivement réservée à la circulation des piétons et des véhicules non motorisés (vélos, rollers, trottinettes…).

Les voitures, les mobylettes, les motos, les quads, les tracteurs et tous véhicules à moteur y sont strictement interdits de circulation, de stationnement et d’arrêt.

Dans le cadre du tourisme, des loisirs et des déplacements de la population locale, une voie verte doit être : accessible au plus grand nombre, sans grande exigence physique et sécurisée.
Facile d’accès : la pente, faible ou nulle, permet l’utilisation par tous les types d’usagers, y compris les personnes à mobilité réduite.
Sécurisé : grâce à sa séparation physique des routes fréquentées par les engins motorisés (voitures, motos…).
Respectueuse de l’environnement, de la culture et du patrimoine des lieux traversés.

  • Le chemin de halage

Le chemin de halage est situé le long de la berge du canal du Midi pour, à l’origine, permettre à des attelages de remorquer par câble un bateau circulant dans le canal. Pour les vélos, le revêtement des chemins de halage est assez inégal, certains secteurs sont très roulants d’autres plus accidentés peuvent conduire à mettre pied à terre.

Les Voies Navigables de France qui sont gestionnaires du chemin de halage tolèrent la fréquentation des vélos, mais il est souhaitable de demander au préalable l’autorisation d’y circuler notamment pour les groupes de cyclotouristes. Cette demande se fait par écrit à Voies Navigables de France à Toulouse.

  • La véloroute

La véloroute est un itinéraire cyclable jalonné, mais qui emprunte les routes « partagées », c’est-à-dire fréquentées par les véhicules motorisés (voiture, moto…).

Cependant, une Véloroute veille à privilégier les petites routes tranquilles dans un environnement agréable et en évitant les dénivelés excessifs.

Pour en savoir plus :

http://www.canal-et-voie-verte.com/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_Garonne

http://www.canaldegaronne.com/

http://www.canal-du-midi.org/fr/

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samedi, 15 octobre 2011

En Charente, les vaches, le cognac et le troc...!

Comme le zébu à Madagascar, les vaches à viande constituent ici un placement…quelque chose comme un compte épargne, rémunéré.

Bien sûr il faut avoir des terres…mais dans cette région agricole, des terres, on en a… Ensuite, si l’on veut placer de l’argent, à moyen terme, pour ses enfants par exemple, on peut acheter des vaches…On les mets sur un terrain où elles vont demander peu d’entretien. Pour récupérer les dividendes, il faut vendre une vache : au bout de quelques années, elle aura grossi et l’on pourra la vendre plus cher qu’on l’a achetée…pour préserver son capital, il suffit de réserver une partie de la somme pour acheter une jeune vache…et l’on empoche la différence…Si l’on veut récupérer son capital, il suffit de vendre toutes les vaches…elles se vendront logiquement plus cher qu’on les aura achetées…

Bien sûr ce placement est soumis aux aléas du cours de la viande…et l’on doit pouvoir « boursicoter »…spéculer sur la vache en achetant bas et en revendant haut…

Nous sommes près de Cognac…

J’ai appris hier qu’il faut environ 13 hectares de vigne pour faire vivre une famille de viticulteurs…il faut 400l de vin pour faire 20l de cognac…les petits viticulteurs ne distillent pas eux-mêmes : ils amènent à la distillerie, comme par chez nous on amène les olives au moulin pour faire son huile.

Les vendanges se font à la machine, depuis les années 90 et ne nécessitent l’embauche d’aucun saisonnier…un gars tout seul vendange avec sa machine sans avoir besoin d’aide. C’est déjà ce que nous avions vu dans le Lubéron avec les cerises…

Sale temps pour les saisonniers agricoles…un métier en voie de disparition ?

Une autre pratique des agriculteurs par ici attire mon intérêt, même si elle va aussi dans le sens d’une disparition des saisonniers :

Pour les récoltes (haricots, pommes, etc.…), les agriculteurs font venir des gens du coin pour aider à la récolte. Les récoltants sont payés en nature : la moitié de leur récolte pour le producteur et l’autre moitié pour eux…c’est comme ça que les gens d’ici font leurs conserves pour l’hiver, en allant aider aux récoltes. De leur côté, les producteurs n’ont pas à débourser un centime pour leur récolte…une forme de troc particulièrement intéressante, qui, selon toute vraisemblance est très mal vue par l’état parce que ces échanges échappent aux taxes…mais assurément bien difficile à contrôler…

Une autre vie serait possible et existerait déjà dans les campagnes françaises ?
Une vie à taille humaine où l’on place son argent dans les vaches plutôt qu’à la bourse,
où l’on récolte près de chez soi de quoi se nourrir plutôt que de parcourir chaque jour des kilomètres pour aller bosser dans des usines polluantes
et gagner de quoi acheter ensuite au supermarché des légumes qui viennent du bout du monde ?

dimanche, 02 octobre 2011

Une toute petite maison...et le monde entier pour jardin...!

En cette belle journée du 2 octobre 2011, nous avons largué les amarres !

P1020180.JPGNous avons laissé la maison, le jardin et tout ce qui faisait notre quotidien. Nous avons acheté un camping car...et nous sommes partis...!

Nous nous sommes lancés dans une vie nomade, à la rencontre du monde, des autres...et plus encore de nous-mêmes !

Nous voici avec une toute petite maison...et le monde entier pour jardin...

Je partagerai ici quelques rencontres et découvertes...

samedi, 20 novembre 2010

Sylvain, "pousse" à Toamasina (Tamatave - Madagascar)

Pour le premier article de cette série de portraits, j'ai envie de vous parler de Sylvain, rencontré au cours de notre voyage à Madagascar en septembre dernier et dont le sourire et la douceur sont restés gravés dans mon coeur...

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MadagascarSituation.jpgMadagascar, la "Grande Ile" de l'océan Indien, aussi appelée l'île rouge, à cause de la latérite dont on dit aussi qu'elle colle aux pieds de celui qui a foulé le sol de l'île, au point qu'il y reviendra toujours...je ne suis pas loin de le croire !

Madagascar, une fois 1/2 la France, une terre riche où "tout pousse", des ressources minières, une grande diversité géographique, culturelle....et aussi : l'un des pays les plus pauvres du monde.

P1000284.JPGTamarave, située sur la côte Est de l'île, en est le premier port commercial. Arrosée presque en permanence par des pluies diluviennes, elle offre au visiteur l'image d'une ville dévastée par une guerre ou un incendie: batiments vestiges de l'époque coloniale dans lesquels les arbres poussent, routes défoncées que se partagent les sccoters, 2CV taxi, quelques véhicules hors d'âge, des 4X4 flambant neufs et surtout pousse-pousse ou plus exactement vélo-pousse en très grand nombre.

P1000291.JPGSylvain a 42 ans, il est père de 5 enfants.

Il n'est pas proriétaire de son "pousse" et se rend chaque matin au dépôt pour en louer un. La location coûte 5000 ar (soit environ 2€) /jour. Il travaille du matin au soir et ramène le pousse chaque soir. Il nous explique qu'aucun "pousse" ne travaille après la tombée du jour ici parce que la ville est dangereuse la nuit, aux mains de bandes mafieuses. Précisons que le soleil se lève très tôt sous les tropiques, mais que par contre, il fait nuit à 18h. L'entretien est à la charge du propriétaire, sauf les pneus...et les crevaisons sont fréquentes en raison de l'état des routes.

Acheter un "pousse" neuf lui coûterait 100€ ou 50€ d'occasion. Oui, vous lisez bien...et si, comme moi vous avez fait le calcul, vous découvrez que tous les 25 jours il a "payé" son "pousse d'occasion...sauf qu'il n'a pas les 50€ et qu'il lui est impossible d'épargner. Lorsque je lui parle du micro-crédit, qui paraît une réponse adaptée (j'ai vu des enseignes en ville, ici, c'est Microcred ), il m'explique ne pas y avoir accès puisqu'il n'a pas de caution...pour bénéficier du micro-crédit, il faut posséder quelque chose, une maison, une voiture ou même un scooter...mais lui ne possède rien !

Dans le cadre du Programme des Nations Unies pour le Développement, des actions de lutte contre la pauvreté sont financées afin de permettre aux tireurs de pouse-pousse de devenir propriétaires de leur outil de travail...cela existe, en particulier à Antsirabe (cliquez pour lire l'article), mais rien de tel pour l'instant à Tamatave...

P1000265.JPGIl vit avec sa femme et ses 5 enfants dans une maison en paille d'une seule pièce, sans eau ni électricité pour laquelle il paie un loyer mensuel de 30 000 ar (environ 12€). Ses 5 enfants sont scolarisés. L'école n'est pas gratuite à Madagascar et les frais de scolarité s'élèvent à 30 000 ar (12€) par année scolaire et par enfant, sans les repas. Les enfants vont à l'école le matin et l'après midi.

Le prix d'une course moyenne en ville est de 1000 à 2000 ar (0,40 à 0,80€). Sylvain a passé la journée avec nous, de 11h à 16h. Pour un tour en ville, une visite au marché et retour à l'hôtel un peu excentré, le prix négocié était de 15000 ar (6€)...nous avons finalement payé 25000 ar (10€). Je pense que c'était une très bonne journée pour Sylvain. En effet, les clients sont rares et la concurrence est rude. Dès que l'on met un pied dans la ville, on est immédiatement assaillis par une horde de pousse-pousse prêts à se battre pour remporter le client. A Tamatave, les pousse-pousse seraient près de 4000 en ville. Ce nombre ne cesse d'augmenter et la clientèle n'est pas extensible...d'autant que le tourisme est très ralenti en raison de l'instabilité politique du pays. Sylvain nous explique que ces dernières années, il lui est devenu très difficile de gagner sa vie.

P1000287.JPGSylvain nous explique que beaucoup de jeunes, faute de trouver un emploi, se tournent vers ce métier. En effet, nous dit-il, dans les entreprises malgaches, on embauche sa famille, la famille de sa famille...et si l'on n'a pas de famille, il faut payer pour obtenir un emploi : par exemple, pour décrocher un poste de gardien en ville, il faut débourser la somme de 500 000 à 1 million d'ar. (soit environ 200 à 400€, sachant que le salaire minimum avoisine les 30€ par mois...c'est un an de salaire qu'il faut débourser pour avoir la chance de travailler !)

Souvenirs de Tamatave : quelques polaroids en vrac :

Quelques commentaires et reflexions à propos de cette rencontre :

Embarquer dans un pousse-pousse, ventre plein, appareil photos en bandoulière, lunettes de soleil et portefeuille bien rempli et laisser pédaler à moins d'un mètre devant nous, un autre être humain, réduit à l'état de bête de somme...c'est difficile à imaginer si l'on n'est jamais allé dans le tiers monde. Cela pose question, cela perturbe notre bonne conscience, biensûr...et les Droits de l'Homme dans tout ça ????

Nous parlons de cela avec Sylvain qui nous raconte dans un grand éclat de rire, tout son étonnement face à la réaction d'un touriste africain qui a un jour refusé de monter dans son pousse-pousse sous le prétexte qu'il ne voulait pas se comporter en néo-colonialiste et refusait de faire pédaler un homme qui avait la même couleur de peau que lui...Sylvain répond à cela qui lui n'a pas d'autre moyen de faire vivre sa famille que ce travail...aller à pieds, c'est le priver de ressources...On pourrait, me direz-vous, lui payer le prix de la course et aller à pieds...mais Sylvain ne demande pas l'aumône, il ne mendie pas...il se procure des revenus en travaillant honnêtement...N'est-il pas préférable de le laisser rendre ce service, de le payer plus largement si on le souhaite, et de le traiter humainement, lui parler de sa vie, s'intéresser à son quotidien, échanger le temps d'une course afin que la pauvreté ne soit pas, en plus, un obstacle à la communication....

Ensuite, on peut s'interroger, plus largement, la manière dont on peut s'engager, chacun à son niveau, dans la lutte contre la pauvreté...sur ce qui sera utile, durable...C'est une question complexe que d'aider sans assister...le bon coeur ne suffit pas...et un certain nombre de "bonnes actions" font plus de mal que de bien...Aller en "touriste" à Madagascar, c'est déjà favoriser une activité économique qui emploie du personnel, se comporter avec respect et solidarité...et Sylvain qui aura fait une bonne journée ce jour là serait sûrement de cet avis.

Pour ma part, j'ai souhaité aussi témoigner, et rendre hômage par cet article qu'il ne lira jamais, à un homme qui trime pour faire vivre sa famille, pauvre entre les pauvres, mais dont les enfants sont tous scolarisés...parce qu'il a bien compris que l'éducation, c'est l'espoir d'une vie meilleure pour les générations futures...lui-même n'est jamais allé à l'école. Belle leçon de vie que cette rencontre, la dignité et le sourire de cet homme...sa lucidité aussi, lorsqu'on lui demande, à propos de l'instabilité politique, si des élections démocratiques pourraient changer les choses: il éclate d'un rire édenté "Non, ça changera rien, les riches seront toujours riches, et moi je serai toujours pauvre !".

De quoi nous faire réflechir avant de nous engager dans l'action : prendre le temps, parler avec les gens, analyser les besoins les plus urgents, tenter avant tout de comprendre un peu les rouages de cette société où à peu près tout est différent de la nôtre...et penser une action pertinente...