lundi, 28 mai 2012
Lettre à nos amis
Chers amis, Vous qui suivez notre périple avec curiosité, avec envie peut-être, vous recevez de nos nouvelles qui sont comme des cartes postales de vacances…paysages ensoleillés et visages souriants…où même les petites mésaventures sont traitées avec humour et sont autant d’occasions de pimenter un peu le quotidien…mais au fond, quand vous y pensez, vous vous demandez certainement « mais qu’est-ce qu’ils font ? »…Nous nous posons aussi la question, je vous rassure…Ce rêve qui nous a porté pendant des années, et qui donnait du sens à notre quotidien, est aujourd’hui réalité…8 mois maintenant que nous avons largué les amarres, que nous sommes nomades, que nous avons, ce que nous considérons comme la plus grande richesse : le temps, et l’espace aussi, puisqu’avec notre toute petite maison, nous avons le monde entier pour jardin…Alors que faisons-nous ?Concrètement, nous découvrons notre beau pays au rythme de la bicyclette, nous nous remettons en forme physiquement, nous mangeons sainement et nous faisons du sport en plein air, nous prenons plaisir à être ensemble (parce que c’est quand même pour ça que nous nous sommes mariés, pour être ensemble !)…et puis, et surtout, il y a le reste, ce qui n’est pas concret…le chemin personnel, l’intime…ce que nous faisons vraiment quand nous faisons les choses…ce que les choses nous font… Alors nous, nous tentons d’apprivoiser le temps (puisque « c’est notre plus grande richesse »)…c’est une entreprise d’envergure ! Comme nous tous, nous avons été conditionnés à être au monde au travers de nos actions : notre société valorise bien plus le « faire » que l’ « être »…et nos pensées sont sans cesse orientées vers les actions qui sont censées nous permettre d’exister…Bien sûr, c’est au travers de ce que nous faisons que nous donnons à voir qui nous sommes (dans le meilleur des cas au moins)…mais pour autant, est-il opportun de se concentrer d’abord sur le « faire » ? Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux commencer par « être », se connaître soi-même, laisser émerger nos qualités et nos talents…et est-ce que ça n’est pas seulement après ça qu’on devrait commencer à faire…faire en fonction de soi, de qui nous sommes vraiment, de ce que nous faisons le mieux, de nos valeurs profondes plutôt que de se laisser conditionner par une société consumériste qui nous fait croire « que le bonheur c’est d’avoir »…parce que lorsque toutes nos actions sont orientées vers l’idée de gagner sans cesse plus d’argent et consommer plus, avec l’impression que c’est comme ça que l’on va s’approcher du bonheur, c’est l’intérêt du système que l’on sert…mais est-ce vraiment le notre ? Alors ce que nous faisons, entre autre, c’est une vraie expérience de simplicité volontaire…Pour partir, il nous a fallu nous délester du superflu…n’emmener que l’essentiel dans nos bagages…et cela nous avait amené à nous poser un certain nombre de question sur notre « essentiel »…Ce fut finalement un réel soulagement que de nous décharger de tout un tas de bien matériels qui sont surtout pollution…les objets nous polluent, ils sont une entrave à notre liberté…nous avons encore certainement beaucoup trop d’objets, mais ça va déjà mieux !Le plus drôle c’est qu’après 8 mois, rien ne nous manque, et rien ne nous a jamais manqué…Il faut dire que nous avons tout le confort à bord…notre vie n’a rien d’ascétique…nous avons tout ce qu’il nous faut (même si pour la plupart d’entre vous il est difficile de s’imaginer vivre dans un espace si réduit et avec si peu de choses…nous avons infiniment plus de confort et plus de tout que la moitié des humains sur cette terre n’auront jamais). Tout est relatif…Ensuite, notre train de vie ne cesse de diminuer…au fur et à mesure des « galères » qui plombent notre budget… Si à chaque fois, cela provoque une angoisse légitime, la vie continue pourtant…nous apprenons à vivre avec de moins en moins…et ne nous en portons pas plus mal…Sans que ça ait été réellement notre intention au départ, nous vivons une expérience de simplicité volontaire…nous faisons le tri dans nos dépenses, comme nous l’avons fait avec nos objets…un écrémage, comme une épuration, qui nous permet de faire le tri dans nos besoins…Il y a du bonheur à mener une vie simple. C’est comme une grande bouffée d’oxygène !On se dégage chaque jour un peu plus de notre frénésie de consommation…et cela nous aide à profiter des choses simples, apprécier simplement le moment présent… Nous y voilà ! Comme je vous le disais, mes amis, en introduction, nous avons la plus grande richesse : le temps…et nous l’apprivoisons peu à peu.Quand on dit ou quand on pense, que le temps est une richesse, on s’imagine toujours que la richesse, c’est d’en avoir beaucoup…C’est encore un réflexe consumériste…parce que nous sommes conditionnés à ce que le temps « libre » soit du temps de loisir…alors plus on a de loisirs, mieux on se porte…Des études ont montré que si la plupart des gens aspirent à plus de loisirs…ceux qui en ont le plus ne sont pourtant pas les plus heureux…va comprendre ! Ce que nous apprend ce voyage, c’est que le temps ne se mesure pas en quantité…en avoir beaucoup ne sert pas à grand-chose (c’est même un peu vertigineux !) si nous ne savons pas, simplement, profiter de l’instant présent !Les choses ont l’air simple, me direz-vous…c’est une évidence…Et pourtant, c’est tout un apprentissage que de vivre simplement le présent…nous commençons seulement cet apprentissage.Nous sommes tous habitués, depuis notre plus tendre enfance, à nous projeter vers l’avenir, et cette tendance est nécessaire parce qu’elle nous permet d’assurer notre sécurité (Prévoir l’avenir est le propre de l’homme et c’est ce qui a permis son évolution). L’essentiel de nos actions sont orientées vers un futur que nous espérons meilleur, nos pensées sont conditionnées par un passé que l’on regrette (ou pas)…au point que nous laissons passer le présent sans y prendre garde.S’arrêter, sentir, écouter, prendre le temps…sentir l’instant présent, c’est ça la grande richesse…mais que c’est difficile !Avec la simplicité volontaire, c’est cet apprentissage là que nous faisons :Nous avons mis un grand coup de frein, nous avons laissé le tumulte et le speed qui faisait notre vie et avons plongé dans le calme…à la recherche de la sérénité…C’est très déstabilisant…mais comme chacun sait, et c’est le principe même de la marche : c’est dans le déséquilibre qu’on avance !Au début, on est comme en vacances…on profite…il « faut » profiter…c’était l’automne dernier…ensuite, comme on ne sait être que dans le faire, on se dit qu’il faut faire…et on part dans le tiers monde, en quête d’actions porteuses de sens…et comme la vie est bien faite, ça ne marche pas…quelque chose nous dit que ça n’est pas ça…et nous voici de retour, sans plus rien à « faire »…Nous comprenons peu à peu que nous devons apprendre à « être »…accepter enfin de lâcher suffisamment prise pour nous retrouver face à nous-mêmes, rencontrer nos besoins, nos aspirations profondes, nos qualités et nos talents…et que c’est seulement ensuite, et nous sommes convaincus que les choses se feront naturellement…que nous pourrons nous remettre à faire…et que ce que nous ferons alors aura du sens, nous correspondra vraiment… Toute notre vie, nous avons eu le souci de laisser une trace, agir sur le monde…il nous faut aujourd’hui apprendre à nous laisser imprégner par le moment présent, nous ouvrir au monde et voir quelle empreinte il laisse en nous…ensuite seulement viendra un autre temps…(ou pas) ! Apprivoiser l’espace et le temps…c’est juste rendre sa réalité à l’ »ici et maintenant »…et c’est la condition pour s’approcher de soi…pour mieux ensuite retourner au monde, s’ouvrir aux autres et agir avec authenticité !Assurément, ce chemin nous mène vers plus d’authenticité… ! Chacun à sa manière, avance vers son propre Bonheur…la Vie, c’est le chemin et nous vous souhaitons un chemin riche…la Vie est merveilleuse, ne la gaspillons pas…!
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